Est-ce que tu t'es déjà réveillé, avec l'impression d'avoir laissé une partie de toi dans ton sommeil ? De n'être plus qu'à moitié vivant. Mes nuits sont horribles depuis quelques jours et avec cet état de semi-conscience, je n'avais pas la foi d'écrire. La fatigue n'arrive-t-elle pas après avoir tellement de chose que notre corps frêle a besoin de repos ? Tu me connais, Theo, je ne fais rien de mes journées, mais peu importe que ce soit en me couchant ou en me levant, je suis exténuée. Je ne sais même pas par quoi. Peut-être que mes organes internes travaillent et que c'est ça qui me fait si mal. Comment vas-tu ? Je sais que cela doit faire seulement trois ou quatre jours et que tu dois te dire que c'est encore la poste qui fait n'importe quoi mais la vérité est que je n'ai pas écrit. Je ne pourrais pas te dire pourquoi, chaque fois que je me mettais devant le papier, je prenais mon stylo et... je n'y arriverais plus. C'était peut-être ça la page blanche, bien que je ne me considère nullement comme un écrivain.

Mes parents sont de nouveau en « voyage d'affaires » . Quand ils sont plus souvent en « voyage » qu'ici, ne serait-pas à Santa Fe qu'ils sont en touristes ? Je me demande vraiment, j'ai l'impression de voir deux ombres passer dans les couloirs d'une maison trop grande. Le silence est effrayant, mais lorsque je mets de la musique, j'ai peur de ce que je peux pas. Les sons couverts par les basses un peu trop puissante de ma chaîne, comme un grincement de porte ou d'escalier. Je suis apte à faire une crise cardiaque à n'importe quel battement de cœur d'une seconde à l'autre, j'ai l'impression d'être animal en cage, de ceux qui n'ont pas envie de sortir mais qui ont peur de leur propre environnement. Peut-être que chez moi n'est pas chez moi... Mais c'est stupide. Je crois que c'est juste que j'aurais préféré tenté de construire quelque chose de nouveau et non rester dans cet endroit aux fondations bancales. La plupart du temps, si je me réveille en sursaut, c'est que j'ai eu l'impression que les murs tremblaient et que tout pouvait s'effondrer. Dans mon 'rêve' je réalise que ce n'est pas les murs qui sont aussi fragiles, c'est moi. Dans mon sommeil, mon cœur se met à battre, et quand je commence à paniquer, à avoir le souffle coupé... Je me réveille. Je regarde autour de moi, rien n'a changé, mon alarme sonne d'un bruit agaçant et bien trop fort et je n'ai plus le temps de réfléchir, je dois aller me préparer et cacher un teint blafard pour échapper aux questions. Ça commence par un « tiens, tu as mauvaise mine. » et ça finit par se faire interner en hôpital avant midi. Je sais ça de mes parents, pour le peu que je connais, ils ne laisseront jamais un problème en travers de leurs chemins, non pas qu'il le résoudront, mais qu'ils s'en débarrasseront. Alors pour moins mal dormir, j'ai acheté des fleurs, et je reste blottie dans mes peluches. Je sais que j'ai vingt et un an, mais tout les humains sont effrayés, non ?
J'aurais juste besoin que tu me dises qu'un jour, ça va aller.

Take care,
Ariel.