Par contre, dans cette vie là, j’ai bien compris que la vie ne ferait pas de cadeaux, qu’il fallait trouver la chose ultime dans sa vie qui ferait son bonheur. Le bonheur, une chose presque inaccessible si on ne se donne pas les moyens d’y arriver. Se contenter de peu de choses et en être heureux, ce n’était pas donné à tout le monde. Je me contentais alors de ce que j’avais. Ma passion pour la musique, les soirées où je faisais des mini concerts dans un bar le soir pour animer et faire l’ambiance, mon job de serveuse la journée dans ce même bar. J’étais indépendante, envers tout, les gens, mes parents, tout : j’avais toujours été marginale, jamais d’accord avec les normes, mais à l’école, tout me réussissait, j’étais un paradoxe total. Indépendante face à ce sentiment qu’à la longue je trouvais malsain ; chaque vision d’amour, d’un bonheur trop parfait me donnait la nausée. Je préférais le jeu et la provocation à la routine d’un couple banale. Charmeuse, impulsive, lunatique et possessive, voilà les traits de caractère qui me caractérisaient le plus, avec le mot indépendante. Je fréquentais les soirées dans les boites de nuits les plus branchés, et malgré ce côté fêtard, dès que quelque chose me passionnait, je devenais une personne totalement différente. Exemple : la musique, une guitare et un piano pouvait changer quelqu’un. A côté de ça, je savais faire la part des choses mais je profitais tout de même de ma jeunesse : en effet, on en a qu’une. Mes parents ? Je n’ai jamais été en total accord avec eux, j’ai vite quitté le domicile familiale. Quelque fois, j’ai des flashs d’une famille soudée, unie, et tout sourire. Je me demande bien pour quoi. Comme les flashs où l’amour m’apparaît comme quelque chose de bénéfique. Un sentiment procureur de bonheur. J’aperçois un jeune homme brun que je n’hésiterais pas à séduire si il était devant moi. Je nous vois dans de courtes visions, et que l’on passe de bons moments. De trop bons moments, d’ailleurs. Le genre de moments qui vous mets des papillons dans l’estomac. Dans ce genre d’instant là, c’est la confusion totale dans ma tête, mais ça s’évanouit rapidement. Et puis une fois, il me semble l’avoir aperçu lorsque je jouais, un soir, dans le bar. Je savais que la chanson que je jouais était sa chanson préférée et je connais son prénom. Ce visage, je le connais, puisque je le vois dans ces sortes de flashs, mais, je ne l’avais jamais vu avant ça. Être autant déstabilisé par une seule personne, par un seul visage, c’est frustrant et intriguant à la fois, surtout pour moi. Outre ces choses qui me perturbent jour et nuit, je continue de profiter de ma jeunesse à plein temps, profiter de chaque minute, de chaque seconde, parce qu’on a qu’une vie. Enfin, je crois ?

Avant. Avant, j’étais une fille modèle de New York, avec des parents hauts placés et connus. Le genre de fille attentionnée, protectrice, fidèle, sincère, un peu têtue et dépendante de sa vie. Je côtoyais la bourgeoisie, les soirées, les apéros dinatoires où on était tous debout un verre à la main, un amuse gueule dans l’autre. Je vivais sous l’aile de papa et maman et ça me convenait. J’avais des parents attentionnés, comme j’étais fille unique, je n’ai jamais manqué de rien. J’ai eu une enfance dont tout le monde rêve, sans jamais de problème, je travaillais bien à l’école, et après le lycée, les écoles les plus prestigieuses m’ont ouvert leurs portes. Je n’avais jamais vraiment su ce que je voulais faire plus tard, mais je crois que finalement, c’était parce que c’étaient mes parents qui décidaient, je n’avais pas eu le choix. Alors ça a été école de journalisme. Si mes deux parents n’avaient pas été avocats, ils auraient voulu faire journaliste alors c’était le sort qui m’était réservé, forcément. Je n’avais pas eu mon mot à dire, comme pour tout, mais quand on a tout ce qu’on veut et qu’on a la vie presque parfaite, on cherche pas trop la petite bête, alors je m’en contentais et finalement ça me convenait. Ca m’a encore plus convenu quand j’y ai rencontré Matthew, le garçon parfait de l’école. Mes parents vivaient l’idylle parfaite, je ne les avais jamais vu s’engueuler, je les admirais depuis toute petite. Ils ont toujours été un modèle pour moi, et ce, jusqu’au niveau des relations sentimentales. Et même pour les relations amoureuses, mes parents ont voulu tout contrôler, du début à la fin. Me trouver le fils d’un avocat haut placé comme eux, pour pouvoir vivre leur rêve, suivre la lignée de leur vie à eux. Mais ça a été là que ça a coincé. Moi, j’avais trouvé Matthew. Je savais très bien que cela ne leur conviendrait pas, même si c’était un journaliste, comme moi, ce n’était pas eux qui avait fait le choix, ils ne connaissaient pas ses parents. Alors c’est là que la rébellion a commencé. Enfin, de mon côté, parce que eux, ils ne s’en sont jamais rendu compte. J’ai vécu effectivement l’idylle parfaite aux côtés du jeune brun, passionné tout comme moi. Pendant mon enfance, j’avais été dépendante de mes parents, et de leurs choix, et maintenant j’étais devenu dépendante de lui. J’ai obtenu un poste de journaliste dans un journal de mode connu, j’avais un petit ami parfait. Et là, l’incident qui s’est produit a tout chamboulé. A croire que le destin n’acceptait pas que tout me satisfaisait dans cette vie. Et j’ai fini par comprendre que non, la vie n’est jamais toute rose. Et c’est comme ça que je suis devenue l’exact opposé de ce que j’étais avant. Enfin ça, je ne m’en doutais pas.